La commune en 1820 : le bourg
Article mis en ligne le 4 février 2014
dernière modification le 21 janvier 2015

par Georges Rayet

1820 ? Quelle drôle d’idée me direz-vous !
La raison en est toute simple : cette année là fut achevé le plan cadastral voulu par Napoléon et nous pouvons librement consulter en mairie ou sur le site des AD 23, le résultat d’un travail extraordinaire effectué entre 1808 et 1820.
En fait, le but principal de l’opération était une réforme de l’impôt foncier, c’est pourquoi on procéda également à un inventaire précis des propriétaires et de leurs biens imposables, ce que l’on retrouve dans les matrices cadastrales datées également de 1820.
Ces éléments réunis me permettent de vous présenter et surtout d’imaginer la vie dans notre commune en ce temps là.

Le bourg :

La commune a été divisée en sections et le bourg fait partie de quatre d’entre elles. Au Nord, la section J des Boueix, au Sud la section D de Voueyze, à l’Est la section C de Ravayat, et à l’ouest la section I des chaumes du Fresse.

Avec un peu d’attention, vous pouvez retrouver quelques points de repère, avec l’étang bordé par la route de Saint-Julien, et le chemin de la Charrière qui remonte au centre du bourg pour déboucher sur les deux parcelles du cimetière de l’époque. Mais la route du stade n’existe pas et celle de Chénérailles n’est pas encore bien définie .
Comme vous pouvez le constater le nombre de constructions est plutôt réduit et les grandes maisons que l’on retrouve sur les cartes postales vers 1900 ne sont pas encore sorties de terre. C’est surtout le quart Sud-Ouest qui fait défaut !

A partir de recherches dans les relevés d’état civil, j’ai pu estimer la population à 250 personnes environ pour une quarantaine de maisons. Les familles parfois nombreuses se contentaient de peu de place.
Beaucoup de cultivateurs bien sûr, souvent cultivateurs et maçons, avec des petites parcelles très dispersées, mais aussi quelques artisans et commerçants .
Parmi les curiosités de l’époque, on peut citer l’existence de nombreuses chènevières, souvent à proximité des maisons : la culture du chanvre nécessitait beaucoup de soins, avec comme seul objectif la fabrication d’une fibre textile indispensable.

Au centre du bourg

On trouve ici la majorité des artisans et commerçants :

Pour vous repérer , l’église est n° 38.
La maison 44 est une boulangerie, le boulanger Antoine Tixier qui fait aussi de la menuiserie habite au 42. Son arrière petite fille épousera Alphonse Debellut. Au 41 Arnaud Chermartin est voiturier et au 40 François Charrière cultivateur et blatier, c’est à dire vendeur de blé !

En face de l’église, Etienne Devoyze est sabotier cabaretier au n°47. Son épouse est la fille de Sylvain Terraillon, tailleur d’habits. De l’autre côté , au 50, Sébastien Chassagne est cultivateur serrurier. Le 51 appartient à Jean Chamally, maçon cultivateur.

Passons à ce qui est maintenant la place du monument :
Au 1003 exercent le maréchal expert Jean Daurioux et son fils, le linteau de la porte d’entrée en atteste encore. A côté, un cultivateur, Louis Alhéritière, puis au 999 Pierre Parrot, cultivateur, cafetier, blatier.

En face, au n° 30, Gilbert Dutromp, cultivateur et adjoint. La cure au 33 appartient à François Faure du Fresse. Au n° 3 et au n°25, Antoine, Jean et Marien Marciliegeon sont cardeurs, donc spécialistes de la fibre de chanvre. Sébastien Chamally est un gros propriétaire avec une maison avec grange au 8 et une autre maison au 27 qui fait cabaret.
Il nous manque un marchand de tabac, épicier mais aussi aubergiste : c’est Philibert Mazetier au 978, dont l’arrière petite fille épousera Jean Ribot.
Pour terminer cet inventaire, quelques artisans dont l’atelier n’est pas clairement précisé : Pierre Pinaud était charron, Jean Jedeux, ancien prisonnier de guerre d’origine hongroise, était menuisier.

Sur l’extérieur

Au Nord,

Ce qui est remarquable , c’est que le nombre et l’implantation des maisons n’a presque pas changé.
L’étang appartient à Nicolas Vertadier, riche propriétaire de Chénérailles, qui possède aussi le chateau du Chiroux et les bois de la Virolle.
Les cultivateurs propriétaires sont Gilbert Tixier au 1012, Jean Deglaude au 1013, Jean Bonneaud de La Barre au 987, Louis Cruchant au 981, Gilbert Lagondeix au 994....
Philippe Ribot est tisserand au 990.

A l’Ouest

Au 903, la grande propriété appartient à François Bussière, bourgeois de Chénérailles.
Puis un groupe de maisons barrant la route de Chénérailles avec au 1036 Jean Deglaude, au 1037 François David , au 1039 une petite grange appartenant à Joseph Paris, puis en 13 Antoine Pallaudeau. Dans ce quartier Jacques Rovice , enfant trouvé qui a commencé domestique, va progressivement s’installer dans une belle propriété.
La petite maison 1040 près du cimetière est celle de François Dumas, couvreur à paille.
Au sud

C’est déjà la campagne, avec plein de jardins et peu de maisons. Les constructions 56, 57, 58, 59, 70, 71 ne sont pas habitées.
Au 75 est la maison de Gilbert Coulaud et 77 celle de Léonard Pallaudeau.
Léonard Luzier est boucher, propriétaire du n° 80, maison la plus au sud . Ses descendants seront eux aussi bouchers, mais au centre bourg n° 1002, chez Thérèse.

Et comme je viens de citer pour la première fois un prénom féminin, je précise que la seule propriétaire recensée en 1820 était Anne Cesson
pour la maison C2, à l’Est sur le plan général, qui sera occupée bien plus tard par sa descendante Lucie Charrière.