Portrait : Marcel Rouchon, 74 permis et un seul fusil
Article mis en ligne le 22 mai 2007
dernière modification le 31 mai 2007

par Daniel Grosvallet

La société de chasse de Peyrat-La-Nonière était à l’honneur lors de la dernière assemblée générale départementale de la fédération de chasse, à Aubusson. Le président Jean-François Ruinaud a remis une médaille commémorative à l’un de ses membres, doyen des chasseurs creusois, l’inénarrable Marcel Rouchon.

Si vous le rencontrez au hasard de vos pérégrinations du côté de Marzet, avec sa faconde habituelle, il vous contera avec force détails de nombreuses anecdotes : sur le comportement atypique de ses chiens, mais aussi des histoires rocambolesques de battues comme celle où il a tué deux sangliers à une heure d’intervalle. Vous apprendrez aussi que les 3e mi-temps ne sont pas que l’apanage des footballeurs ou rugbymen.

Bon pied, bon œil !
Marcel est prêt pour l’ouverture. Mais, cette année, c’est la fédération départementale qui lui offre son permis !

Son seul fusil : acheté 800 francs en 1928

Il a été initié par son grand-père, né en 1860 et décédé pendant l’Occupation. En 1928, à l’âge de 16 ans, Marcel prend son premier permis et achète un fusil chez Farigoux Frères, à Chénérailles : un Verney Carron, fabriqué à Saint-Étienne, à deux canons juxtaposés de 16. 79 ans après, amoureusement entretenu, il l’utilise toujours. Quant aux permis, Il en affiche 73 autres ! Et s’il n’y avait pas eu une interruption pendant la guerre, il serait sur le point de prendre son 80e cette année.

Cinq ans en Allemaggne

Mobilisé en septembre 1939, il a été fait prisonnier à Loos-lez-Lille en juin 1940. Prisonnier près de Berlin, il ne sera libéré que le 13 mai 1945, à Chénérailles, « le jour de la foire aux chevaux », précise-t-il.
Là-bas, il a appris l’allemand, des rudiments de russe, a servi d’interprète, de coiffeur et participé aux travaux agricoles. De chasse, il n’a vu que les cerfs tués par le propriétaire qu’il devait ramener au château, avec ses compagnons d’infortune. Cette période de sa vie l’a beaucoup marqué. Il pensait ne jamais revoir son village natal. Aussi, à 95 ans, en philosophe, il aime faire partager son vécu et vivre le présent entre chasse et jardinage.

La jardinage...
... son autre passion.

Une passion intacte

A son retour d’Allemagne, la passion ne l’a pas quitté. Avant la réglementation actuelle, en période de chasse, il partait chaque jour aux travaux des champs… avec son fusil et son chien.
Dans les années 1980, il sera six ans à la tête d’une équipe de déterrage, « Les Bourrus ». Composée de cinq chasseurs et autant de chiens, ils sont habilités à intervenir sur tout le département. Armés de sondes et de pioches, ils déterreront jusqu’à 110 renards et blaireaux en une année !

Sa connaissance parfaite du terrain l’a aussi amené à participer au traçage des circuits de randonnées sur le secteur.

Bonne chasse, Marcel !