Histoire de notre école (I)
Première partie

De la difficulté à installer une école publique.

Article mis en ligne le 26 novembre 2021
dernière modification le 29 novembre 2021

par Georges Rayet

Histoire de notre école .

Un petit rappel pour commencer :
Ce sont les lois Guizot de 1833 qui ont fixé entre autres les bases d’un enseignement primaire : toute commune est tenue, soit par elle-même, soit en se réunissant à une ou plusieurs communes voisines, d’entretenir au moins une école primaire élémentaire.Tout individu âgé de dix-huit ans accomplis pourra exercer la profession d’instituteur primaire, à condition de présenter au maire un brevet de capacité et des garanties de bonne moralité.
C’est ainsi que bien avant les lois de Jules Ferry en 1882 instituant un enseignement obligatoire et laïc, bien avant la construction du bâtiment actuel, il y avait dans notre bourg une école publique .
Les informations qui vont suivre sont pour la plupart issues des délibérations du conseil municipal à partir de 1830. Roger Malterre et Jean-Pierre Le Gall ont avant moi exploré ce domaine et je ne fais qu’approfondir et illustrer leurs recherches.

Commençons en 1830, à la fin du règne de Charles X .

Le maire de la commune, nommé en avril par le préfet, est Gilbert Annet Louis Antoine de Courthille, succédant à François Jean son frère décédé. La révolution semble bien loin et ce n’est pas très étonnant si les premières délibérations concernent l’achat de la maison curiale et ses dépendances à Gilbert Faure du Fresse pour la somme de 3800 F. On prévoit en plus 1300 F de réparations, ce qui fait un endettement important , mais au moins le logement du vicaire est assuré pour quelques années. Par contre, la lettre du Préfet rappelant les lois relatives à l’enseignement primaire n’est pas très bien accueillie : " les réparations à la maison curiale ne permettent pas d’assurer un sort à l’instituteur ".
Après les émeutes de juillet et l’avènement de Louis Philippe instauré le 9 août , Gilbert de Courthille démissionne le 10, remplacé par Gilbert Felix Picon de Bonlieu.

La première école publique .
Après l’adoption des lois sur l’enseignement, le conseil se réunit le 19 aout 1833 pour étudier la création et l’entretien d’une école primaire élémentaire. Il se trouve en effet que le nommé Mazetier Pierre, agé de 23 ans, breveté et déjà autorisé pour la commune, pourrait très bien être nommé instituteur public. Cerise sur le gâteau, pas besoin de lui chercher un logement ni un local convenable, tout se passera chez lui !

Philibert Mazetier, le père de l’instituteur était propriétaire de cette maison. C’était une supérette des temps anciens, épicerie, mercerie, débit de tabacs et de plus école !
A l’unanimité, le conseil décide de le proposer pour l’année 1834 et lui accorde un traitement de 220 F ! De plus une rétribution scolaire mensuelle de 1F25 sera versée par les élèves non indigents . Et le conseil dresse ensuite une liste de 21 élèves classés indigents pour qui l’enseignement sera gratuit ! On y trouve des garçons agés de 7 à 17 ans, orphelins, estropiés, enfants naturels, mais pas de filles : il s’agit donc bien d’une école publique de garçons !

Avec l’accord immédiat du sous-préfet , notre première école publique semblait sur de bons rails. Mais le problème du financement revenait tous les ans : ainsi en 1837, lorsque le comité supérieur d’instruction primaire propose d’augmenter la rétribution scolaire et de fixer à 60 francs l’indemnité pour la maison.
Grande émotion au sein du conseil : l’un propose 50 F, 2 autres vont jusqu’à 30 F en estimant que l’instituteur a l’énorme avantage de pouvoir surveiller son petit commerce de mercerie épicerie depuis sa classe, mais la majorité se limite à 20 F et propose même de le loger pour encore moins au château du Mazeau qui possède des salles bien plus grandes et bien aérées !
Le 9 mai 1841, le conseil reconnaissant que Pierre Mazetier vient souvent au secours du maire en lui servant de secrétaire, décide de lui accorder une augmentation : la rétribution scolaire passe de 1,25 F à 1,5 pour les débutants ( lecture écriture ) et 2 F pour les plus avancés. Malgré ce bel élan de générosité, l’instituteur démissionne le 3 octobre 1841.