Commerce multiservices rural : 5 ans après…
Article mis en ligne le 23 janvier 2008

par Daniel Grosvallet

En avril 2003, après 6 mois de fermeture, l’épicerie de Peyrat-la-Nonière rouvrait ses portes. Patricia et Patrick Bellanger, originaires de Poitiers, et leurs deux enfants, Antoine et Benjamin, repartaient vers une nouvelle vie au cœur du monde rural : ils avaient décidé de reprendre le commerce multiservices situé au sein du bourg de Peyrat-la-Nonière.

Avril 2003 : le grand départ

Au-delà de l’épicerie, des fruits et légumes, du poste à essence, du dépôt de presse, des articles de pêche et bien sûr des tournées hebdomadaires du camion dans les hameaux environnants, la grande nouveauté était la création d’un des tout premiers "Point Poste" du département. Les menaces planant sur la pérennité du bureau local, conjuguées à la demande d’un docteur de s’installer dans les bâtiments qui pouvaient ainsi se libérer, avaient amené la municipalité à accepter cette expérience. Bien sûr les services rendus à la population ont diminué par rapport aux attributions d’un bureau de poste : désormais, seuls la vente de timbres et les envois de lettres recommandées et de colis étaient au menu. Au niveau financier, les retraits ont été réservés aux personnes déjà titulaires d’un compte à la Poste de Peyrat-la-Nonière et limités à 150 euros par semaine. Par contre les versements en espèces n’ont plus été possibles et ont contraint à un déplacement à Chénérailles, situé à 7 km. L’indemnité forfaitaire proposée par la poste et le petit pourcentage sur la vente des timbres ont assuré un revenu complémentaire à ces nouveaux commerçants. D’un autre côté, l’amplitude des plages d’accueil, les mêmes que celles du magasin, ont supprimé les contraintes d’horaires d’ouvertures aux clients.

Cinq après, où en est-on ?

Une dizaine de retraits sont effectués chaque semaine et ce service de proximité est apprécié. La question de la confidentialité, parfois posée, n’a pas de raison d’être puisque l’accès aux comptes des clients n’est pas possible. Le problème de l’approvisionnement apparaît alors… Mais à Peyrat-la-Nonière on se connaît, et la confiance règne. Un seul incident s’est produit en 5 années. Patricia et Patrick Bellanger regrettent cependant qu’aucun responsable départemental ne se soit, depuis, déplacé chez eux, et ne les ait interrogés sur le fonctionnement de ce Point Poste.

30 mars 2006 : visite d’un ministre !
Avec Christian Estrosi, ministre de l’aménagement du territoire

L’essentiel de leurs revenus est bien sûr lié à leurs autres activités. Les tournées, pour lesquelles le chiffre d’affaire a tendance à baisser, avec la diminution de la population, représentent environ 40% de l’activité. Cette tendance négative est compensée par une meilleure fréquentation du magasin. L’installation du docteur a eu un effet positif, avec la venue de clients occasionnels. De même, la clientèle de passage sur l’axe Guéret-Auzances, l’approvisionnement du restaurant scolaire, les parents d’élèves qui amènent leurs enfants à l’école, la présence de touristes en saison estivale, sont des apports supplémentaires appréciés qui s’ajoutent à ceux de la clientèle habituelle. Celle-ci est originaire de la commune, mais aussi de nombreuses communes limitrophes.

Un réseau rural interférent de services

On constate que la vie d’une commune est un tout : la présence d’une école, de commerces, de professions libérales, d’artisans, d’associations est un gage mutuel de pérennité. La qualité de vie en milieu rural tient à ce réseau dont il est important de ne pas rompre un seul fil. C’est presque une mission de service public !

Janvier 2008 : l’accueil
La qualité du relationnel avec la clientèle a largement contribué à la bonne marche de l’entreprise

Patricia et Patrick Bellanger sont maintenant bien intégrés à la population locale et se montrent satisfaits de leur nouvelle orientation professionnelle. Mais leur sourire légendaire n’est sans doute pas étranger à leur réussite.